" L'art a toujours été le radeau sur lequel nous grimpons pour sauver notre santé mentale. Je ne vois pas d'autre objectif pour lui aujourd'hui."
Peintre et sculptrice américaine, Dorothea Tanning a suivi une formation à l’Académie des Beaux-Arts de Chicago. Elle s’installe à New York en 1938 et s’engage dans le Surréalisme avant d’épouser Max Ernst en 1946. Elle fréquente le groupe des Surréalistes en exil, formé autour d’André Breton et de Marcel Duchamp, et est exposée par les galeristes Julien Levy (1944, 1948) et Alexandre Iolas (1953). Elle est déjà présente à l’exposition pionnière Exhibition by 31 Women, organisée en 1943 par Peggy Guggenheim. Elle s’impose sur la scène new-yorkaise comme l’une des figures leaders de l’expression féminine américaine de l’après-guerre. Les fantasmes sexuels, les angoisses et les peurs remontant à l’enfance et à l’adolescence constituent la base des hallucinations visuelles que l’artiste explique retranscrire sur ses toiles. L’américaine casse les codes millénaires de la peinture en décidant de représenter le désir du point de vue féminin. Elle déclare « briser le miroir » en refusant le statut de muse ou d’épouse réservé aux femmes qui lévitent autour des surréalistes. L’artiste fait flotter des étoffes autour de chimères féminines qui tour à tour s’y réfugient ou se dévoilent nues sur la toile, dans une danse frénétique. Dorothea Tanning nous donne à voir de véritables tableaux vivants qui, au fil des années, deviendront de plus en plus troubles et mystérieux. Entre érotisme et ésotérisme, l’artiste nous fait le récit de son intimité. Son travail est salué par la critique et, au cours des décennies suivantes, les institutions majeures de l’art contemporain lui consacrent des rétrospectives (le Centre Pompidou, le Philadelphia Museum of Art…). Après la mort d’Ernst en 1976, Dorothea Tanning retourne à New York où elle vit jusqu’à sa mort le 31 janvier 2012. En 2019, elle est exposée à la Tate Modern de Londres.