" Je ne ressens rien qu'une immense envie de couleurs, des couleurs belles et froides comme des fruits."
Peintre suisse, Irène Zurkinden (1909-1987) passe son enfance à Bâle et à Münchenstein. La jeune fille, qui souhaite devenir styliste, s’inscrit à l’École des arts et métiers de Bâle en 1925. Elle débute sa carrière artistique avec, principalement, des dessins et des portraits réalisés jusqu’à la fin de ses études en 1929. La même année, Zurkinden entreprend son premier voyage à Paris, où elle suit une formation à l’Académie de la Grande Chaumière. En 1932, elle partage un appartement avec Meret Oppenheim, avec qui elle s’est liée d’amitié, encore adolescente. Pendant cette période, elle vit entre Paris et Bâle, et acquiert une réputation de portraitiste recherchée. Le style d’Irène Zurkinden, la façon qu’elle a de représenter ses amies et ses compagnes, à partir des années 1930 a marqué les générations successives d’artistes voulant déconstruire la figure, tels que Cecily Brown et George Condo. Le travail de l’artiste nous montre des portraits figuratifs resserrés et équilibrés (Portrait de Meret Oppenheim, 1934) et des natures mortes poétiques (Nature morte aux oeufs). Dans ses œuvres, le corps de la femme est représenté avec érotisme et sensualité. Le travail de Zurkinden a rarement été montré en dehors de l’Europe, car ses portraits érotiques défiaient le sujet socialement accepté pour une artiste femme, à l’époque. Evoluant de l’impressionnisme vers le Surréalisme, influencée par la musique, Irène Zurkinden oscille entre plusieurs styles mais revendique un attachement fort au Surréalisme. Dans des oeuvres, aussi rares que recherchées, elle dissèque le monde qui l’entoure avec beaucoup d’humour, toujours imprégnée de sensualité et de féminité.