" l'Art, la poésie c'est le précipité de la beauté dans l'émotion. Il n'y a jamais eu que deux émotions-moteurs pour l'homme : l'Amour, la Liberté."
La vie même de Jacqueline Lamba illustre la place difficile de la femme dans le monde de la création: elle a lutté toute sa vie pour faire reconnaître sa propre voix. Elle a vécu à une époque de grande effervescence artistique, littéraire et politique au XXe siècle en rencontrant nombre de ses plus grandes figures. Elle a, certes, été la femme d’André Breton et la mère de son unique fille, l’artiste Aube Elléouët, mais c’est avant tout une artiste au talent remarquable et d’une exceptionnelle sensibilité. Elle était belle et rebelle, libre, se révoltant contre les valeurs conservatrice : la muse idéale des surréalistes. Elle a entretenu des liens étroits avec les artistes et intellectuels majeurs du siècle : Artaud, Duchamp, Ernst, Picasso, Sartre, Trotski… amie de Dora Maar et de Frida Kahlo, elle a partagé avec elles une vie où le désir de liberté était sans concession. Si les œuvres de jeunesse de Jacqueline Lamba sont marquées par le symbolisme, son style évolue une fois qu’elle revient à la peinture en 1941, lors de son séjour aux États-Unis. Ses recherches picturales incluent automatisme et abstraction dans un cosmos géométrisé où la lumière, un de ses sujets de prédilection, se cristallise et engendre une subtile palette, traversée peut-être par le souvenir des paysages d’Amérique du Nord. Dans une note, Jacqueline Lamba écrit « 1948 : ne peins plus surréaliste », un signe de rupture - elle détruit et gratte plusieurs fois ses oeuvres - qui jalonnent une pratique caractérisée par de nombreux renouvellements formels. La peinture de Jacqueline Lamba s’attache à la lumière, à la transparence, au mouvement imperceptible, cet invisible qui régit notre environnement.