En 1919, au cœur de la très traditionnelle Weimar, capitale de l’Allemagne d’après-guerre, ville de Goethe et Wagner, un architecte visionnaire prend la direction de l’école des beaux-arts. Walter Gropius, va changer le cours du nouveau siècle en agrégeant à lui les plus grands artistes de son temps : Feininger, Kandinsky, Klee, Schlemmer et tant d’autres accourent pour enseigner à une jeunesse avide de laisser derrière elle l’horreur des tranchées.
Combien d’entre eux traversent tout le pays, parfois l’Europe, à la simple lecture du manifeste illustré par Feininger et circulant de main en main, annonçant la création de l’école du monde nouveau. Les artistes du Bauhaus ne constituent pas un mouvement ni même un courant de pensée cohérent. Ils sont une communauté, un corps d’artisans. Ils arrivent à Weimar en apportant chacun leur pierre pour fonder ensemble une société résolument moderne. Les cours de peinture sur verre, de travail du métal ou de tissage suivent l’enseignement plus classique de peinture murale ou l’atelier de lithographie. On y enseigne la signification d’une forme géométrique, l’impact d’une couleur sur notre psyché, en bref on y bouscule l’ordre établi. Au prisme de l’école, la riche palette de chaque nouvel arrivant, professeur comme élève, se diffracte et se réagence dans un ballet psychédélique explosif de créativité, de liberté et de culot.